Et c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver

ANAÏS LANDRIEU

MAY 26, 2025


Tout détruire d’une vie est courageux; pour autant, ce n’est pas une fin en soi.

L’étape suivante, que j’amorce en ce moment, est celle d’une totale reconstruction. Car à quoi bon tout recommencer si c’est pour répéter les mêmes schémas ? 

Dans ce processus de remise à zéro, il a donc fallu m’interroger : 

Qu’est-ce que tu veux créer maintenant ?

Et là, le néant. Terrifiant pour celle qui, depuis sa plus tendre enfance, à couru après la reconnaissance, la première place à l’école, l’excellence… Celle qui n’a fait que construire, créer des projets, une entreprise, du contenu, des oeuvres… Celle qui a toujours eu d’immenses objectifs, un high standard pour son futur à base de conférences internationales, d’expositions, d’une grande audience…

Mais là, plus rien. Enfin si, en moi, une seule phrase qui résonne…

JE NE SUIS PLUS AMBITIEUSE.

Pour être honnête, ça m’a d’abord vraiment fait flipper. Moi qui me suis toujours considérée comme une passionnée, j’ai eu peur d’avoir perdu mon feu…et je me suis sentie si vide. Comment construire quoi que ce soit dans ma vie s’il n’est plus là pour me pousser ? 

Je n’ai donc pas voulu y croire.

J’ai pensé que j’étais simplement épuisée – ce qui était le cas après avoir “foutu ma vie en l’air” comme je l’explique dans cet article. J’ai donc dû apprendre à écouter davantage mes besoins, que je redécouvre depuis l’annonce de mon autisme et mon TDAH. 

J’ai écouté davantage mon corps avec une grande discipline, mais toujours rien. Certes, j’ai retrouvé un certain ancrage, de l’énergie mais la passion, le feu qui brûle, l’élan ultime ne revenait pas. Merde !

Et puis, me laisser l’espace de ne rien faire, à peine méditer (si on considère que zoner dans le vide est une méditation), à fait son effet. 

La réalité est apparue : je ne suis plus la même, j’ai changé, évolué, et cela ne sert à rien d’attendre quelque chose qui ne reviendra pas.

Mon ambition est bien morte avec celle que j’étais.

J’ai donc voulu me mettre au clair avec cette nouvelle réalité. Faire un état des lieux, et enfin commencer à envisager un avenir différent, en créant de toutes nouvelles fondations. J’ai plongé dans l’océan des définitions pour tenter de cerner ce qui s’était éteint en moi…

AMBITION, nom féminin

  • Désir ardent de posséder quelque chose, de parvenir à (faire) quelque chose – Larousse
  • Un désir sincère d’accomplir une certaine forme de réussite ou de distinction, comme le pouvoir, l’honneur, la célébrité ou la richesse, et la volonté de lutter pour y parvenir . – Dictionnary

Et là, tout s’éclaire. Putain, c’est vrai qu’en lisant ces définitions, plus RIEN ne vibre dans mon corps ni dans mon coeur. 

Désir, ardent, posséder, faire, accomplir, réussite, distinction, pouvoir, célébrité, volonté, lutte : EGO, EGO, EGO. Encore et encore uniquement de l’égo, du mental. 

Tout ça part de la tête, pas du coeur, de l’âme, et encore moins du corps.

Attention, je ne veux absolument pas diaboliser l’égo. Je n’adhère pas du tout à cette vision désincarnée de la spiritualité qui laisse entendre que pour être un humain spirituel, il faudrait se dépourvoir de nos attributs humains. L’égo, le Soi, est essentiel dans notre construction psychologique et relationnelle. Le hic, c’est de le laisser aux commandes, et de croire que colmater ses failles avec la “reconnaissance” nous rendra heureux.

C’est pourtant un schéma omniprésent dans notre société de consommation, basée sur le paraitre, les likes, la fame, la hustle culture. 

Je ne pense pas que l’ambition soit quelque chose de mauvais non plus, personnellement elle a été nécessaire à un moment de ma vie, et accomplir m’a apporté beaucoup de bonnes choses (rencontres, confiance en moi, compétences…).

Je la vois comme une étape nécessaire : on peut rester bloquée dans le désir de reconnaissance, la grande ambition, ou se servir de ses leçons pour évoluer.

Ainsi donc, ne plus sentir ce feu ambitieux m’a permis de conscientiser qu’en réalité, j’avais guéri une immense blessure en moi. J’ai appris par l’expérience, et guéri par la patience, l’amour et le soin que toutes ces possessions ou réalisations ne me rendraient jamais heureuse. Voici donc le schéma que j’ai brisé, celui de la quête maladive de reconnaissance. Croire qu’accomplir est LE chemin pour me sentir digne, aimable, assez. 

Je réalise également que ce que j’appelais passion était aussi une réaction traumatique couplé à un bon déficit de dopamine (TDAH), une accommodation au chaos, un moteur excitant mais épuisant et destructeur à long terme. 

J’avais peur de perdre mon feu, mais cela m’a permis de gouter à la paix.

JE NE SUIS PLUS AMBITIEUSE, et en réalité… C’EST GÉNIAL ! 

A cet instant, j’ai donc repensé à cette question que je me suis posée il y a quelques semaines, et j’ai compris qu’elle devait évoluer, pour incarner mon nouveau mode de vie :

Qu’est-ce que tu veux créer maintenant ?

Quelle vie veux-tu vivre maintenant ? 

Je ne veux plus rien accomplir. Juste vivre.

Pour la première fois de ma vie, je ne ressens plus le besoin de créer quelque chose de grandiose, d’avoir un projet qui marche, ni même une entreprise. Alors qu’on soit clair, cet appel à toujours existé en moi, mais différemment. Je pense que pendant longtemps, j’ai alterné entre désir ardent de briller, et celui de me reclure.

‘“Je veux juste vivre” cette phrase était un cri du coeur, un hurlement de rébellion contre le système qui nous pousse à travailler pour créer de l’argent pour consommer. Ayant passé ma vie d’adulte à vivre des burn-out autistiques à répétions, incapable de tenir le rythme “normal”, j’ai tellement voulu TOUT quitter du système pour vivre en Ermite. Epuisée de jouer le jeu, et de toujours me sentir perdante

Je suis encore en process à ce sujet, je ne vais pas guérir des années de trauma en un claquement de doigts. Quand je ne suis pas réactivée dans ces blessures – aka, tout est de la merde sur cette planète de merde – j’en arrive à cette conclusion :

Tout ce que je veux, c’est prendre soin de moi, me sentir en paix à la maison, créer et m’entourer d’art, construire et prendre soin de ma famille et mes animaux.

“Putain, je veux juste devenir une trad wife en fait ?” 

“Youtube : comment vivre en dehors du système en devenant autonome ?”

“Pffff, c’est impossible, j’y arriverai jamais !”

“Ma seule option c’est que mon mari devienne riche et m’entretienne”

Arf, mon mental qui essaie comme il peut de cartographier cette nouvelle vie.

Si tu veux pas de la hustle culture, choisis une autre case Anaïs : la trad-wife, ou Annick du Flambeau.

Le hic, c’est que je sens dans mon corps que c’est pas ça, je ne veux pas quitter une case pour une autre.

Je dois créer mon propre chemin

On en revient toujours au même : la clé de la liberté, j’imagine que c’est de créer une vie sur-mesure, adaptée à qui je suis aujourd’hui, en me laissant le droit d’évoluer selon qui je deviens.

Alors, après des heures de méditations, d’écoute fine de ce qui vibre en moi, j’ai redessiné ma vie de rêve :

Me sentir en paix dans mon sanctuaire, et continuer l’oeuvre de ma vie en suivant ce qui vibre, en priorisant qui je suis avant ce que je fais ou comment je le fais.

L’idée n’est plus de me perdre dans des projets/possessions futures, mais d’observer ce dont j’ai besoin au quotidien, et ensuite, d’envisager comment cela peut évoluer pour coller au mieux à mes besoins, et cela, de manière très concrète.

Voici donc où j’en suis dans la connexion à ma vie de rêve :

  • Respecter mes besoins et avoir un rythme de vie qui me soutienne
    • Alterner entre activités et repos, mieux comprendre mes besoins, prendre soin de ma santé mentale ET physique (nutrition, sport…)
  • Exprimer les différentes parts de moi dans différentes activités
    • Contribuer auprès des animaux, écrire, peindre, créer, informer sur la neurodivergence, m’exprimer publiquement, connecter avec l’invisible… Peu importe si c’est un loisir ou si cela amène de l’argent, le but étant de remplir mes besoins et que certaines de ces activités m’apportent assez d’argent pour être autonome et financièrement sécure
  • Faire équipe avec mon chéri en déconstruisant les peurs/blessures
    • Discuter argent, engagement, projets futurs, besoins financiers et contributions de chacun, être honnête vis à vis de nos envies, nos capacités et nos limites (en l’occurence surtout les miennes lol je rigole mais c’est si dur)
  • Rire et faire de la place consciente pour du loisir, du fun
    • Nourrir mon propre cercle social (très compliqué avec mon TSA je vais pas mentir), danser, tester des nouveaux truc cool, essayer d’avoir une petite joie profonde chaque jour
  • Me sentir en sécurité et inspirée dans mon cocon/foyer, entourée de nature
    • D’abord dans notre location actuelle, à travers des balades, puis acheter notre propre cottage pour pouvoir avoir notre propre potager et nos animaux

C’est très synthétique et personnel, mais je me dis que cela peut peut-être vous inspirer pour réfléchir à votre propre vie. Dans mon cas, j’ai remarqué que ma vie n’est plus tant dictée par des “projets à réussir” mais d’abord par comment je veux me sentir, indépendamment du lieu, ou du moyen utilisé.

Par exemple, aujourd’hui je travaille dans une garderie de chiens et je propose du pet sitting à mon compte. Plus tard, je pourrai par exemple avoir un revenu 100% via mon art, mais être bénévole dans un refuge. Ou vouloir avoir un revenu en faisant de la pension pour chiens chez moi. 

Je ne me fige plus sur UN projet qui doit “réussir” et TOUT soutenir.

J’ai d’ailleurs décidé de partager mon expérience à créer cette vie hors sentier sur ma chaine Youtube. Abonne-toi, la première vidéo arrive tout bientôt, et j’expliquerai en détail comment j’ai opéré ces grands changement de vie ! 

Repenser ma vie selon ce spectre me permet de ressentir une grande liberté, flexibilité et créativité. Je ne vais pas mentir, il y a des jours où je suis terrifiée de ne pas avoir de mode d’emploi, ou je me sens condamnée à la précarité si je refuse la hustle culture, où je me dis que j’y arriverai jamais.

Mais comme toute tempête, elle finit par se calmer, et je reprends le chemin de mon âme, et pose une pierre après l’autre pour construire cette vie. Tout est déjà là, mon rôle c’est d’arroser les graines chaque jour, être patiente.

C’est marrant car j’avais déjà eu cette prise de conscience il y a quelques années. Evidemment, tout est cyclique, simplement, c’est très interessant d’observer que je l’aborde avec bien plus de paix, de profondeur aujourd’hui. Et j’imagine que ça évoluera encore avec le temps ! 

Alors non, je ne suis plus ambitieuse. Pour autant, je n’ai jamais été autant connectée à la VIE dans ce qu’elle a de simple, à mes rêves et mes aspirations, à mon corps. C’est un chemin plus doux, bien que concret avec son lots de challenges et de trucs chiants à faire haha ! 

Je n’ai plus d’ambition mais je ne me suis jamais sentie aussi riche de cette vie. Et je sens quand c’est le chemin le plus juste pour donner vie à mes rêves.

Avec douceur et amour,

Anaïs

Artiste, Chamane

Boutique : https://www.etsy.com/shop/anaislandrieu

Instagram : https://www.instagram.com/anaislandrieu/

Youtube : https://www.youtube.com/@anaislandrieu

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